(Sorcelamm/ Elò ) Début de l'aventure!

La clef était la précision. Un pipette pleine dans une main et un sort dans l'autre, Sorcelamm se penchait au-dessus de l'établi, faisant face a l'horreur qui se trouvait devant lui. Un livre. Oui, jusque là, rien de particulièrement affreux, on se l'accorde. Mais c'était un livre déchiré, mutilé par des années de mauvais traitements. Le librairie l'avait récupéré d'un vieille homme qui vivait au milieu d'un désert de perle. Le pauvre homme ne savait pas ce qu'il tenait entre les mains et l'avait cédé contre une poignée de plumes vertes. Sorcelamm aurait put lui dire qu'il s'agissait d'un livre prophétique du dieu Alh'ymar des steppes d'Issya mais cela n'aurait servit à rien. Et de toute façon, à moins d'avoir ouvert son troisième œil et de savoir lire l'Issyamien ancien du 2nd Empire, il ne s'agissait que d'un gros tas de lignes sans suites et sans signification.
Enfin bref, le problème venait d'une page justement. Le soleil avait blanchi le texte et le vent avait déchiré la page, autant dire que les sortilèges contenu dans celle-ci c'étaient évaporés depuis longtemps. L'homme tentait donc de les rappeler avant de les lier sur la page. Chose ô combien délicate.

Hélas pour lui, il n'eut pas le temps de commencer ses travaux biblio-médicaux car son oreille gauche s'agita. Quelqu'un venait d'entrer. Les ondes qui lui parvenait lui indiquait que l'être n'était pas humain, ni même elfes ou quelque chose du genre. Et que cette créature avait peur. Que faire? Sorcelamm hésita un instant, jetant un regard emplit de tristesse au livre abîmé avant d'annuler son sort et de maintenir la pipette en l'air dans une bulle de stase. On requérait ses services ailleurs pour le moment.

"Je reviens vite, ne bouge pas"

S'il pouvait sembler assez curieux de lancer ce genre de phrase à un livre, il fallait prendre en compte la nature particulières de ceux que le librairie possédait. Demander à un livre de ne pas bouger était presque du bon sens.
Le magicien remit un peu d'ordre dans ses habits, vérifia que son cache-œil couvrait bien totalement son œil droite et plissa le revers de sa manche avant de sortir de la pièce.
Il portait encore sa tenue d'expérimentation, aussi la première vision qu’eut Elò de Sorcelamm ne fut pas celle d'un homme extravagant comme beaucoup d'autre. Il portait ses cheveux attachés en queue dans son dos et avant un simple chemise blanche, rentrée dans un pantalon marron maintenu par une ceinture de cuir où s'accrochait un grand nombre de clefs, de fioles et autres instruments curieux, et a ses pieds il portait de hautes bottes en cuir également qui s'arrêtaient sous le genoux. L'homme prit néanmoins le temps d'enlever ses gants en cuir avant de s'approcher de la jeune femme, tout en détachant ses cheveux.

"Bonjour Mademoiselle"

dit-il d'une voix douce. S'il était surprit par l'apparence de la jeune femme, il n'en montra rien.

"Bienvenu dans la librairie De l'Autre Côté du Miroir! Je suis Sorcelamm, à votre service."

ajouta-t-il avec une petite courbette désuète.

Quelle drôle de créature songeait Sorcelamm tandis de la jeune femme le saluait dans son code. Elle faisait penser à une Lamia et devait définitivement appartenir au même groupe génétique mais elle était très différente en même temps. Premièrement pour une question physique, il n'avait jamais vu de Lamia arborer une telle couleur d’écailles, les reflets bleutés de sa queue jetaient et petites touches de lumières sur les étagères. Qui plus est, les Lamia avaient un buste totalement humain, la jeune créature devant lui gardait la couleur de ses écailles. Et puis, deuxièmement, d'un point de vu mental...On avait jamais vu une Lamia aussi calme et polie, encore moins quand elles arrivaient dans un lieu inconnu, celle-ci faisait très...humaine dans sa manière de penser, à mille lieux (il l'espérait) de la folie meurtrière qui planait comme une chape de plombs au-dessus de chaque Lamia. C'était d'ailleurs cette folie qui avait, pendant un temps, fait diminuer fortement le nombre de Lamias : plusieurs, prisent de soudain remord ou en pleins crises de conscience c'étaient donné la mort.
Quoi qu'il en soit, Sorcelamm décida qu'il n'avait pas une Lamia face à lui et qu'il était donc inutile de trop se tenir sur ses gardes.

« -Enchantée monsieur Sorcelamm, je me nomme Elò Agwo. Excusez-moi d’être entré ainsi dans votre établissement, je souhait simplement repartir malheureusement je n’arrive pas à ouvrir la porte, je pense qu’elle est bloquée de l’intérieure. Je me retrouve donc prisonnière de vos murs sans savoir comment repartir. Pouvez-vous m’aider s'il vous plaît ? »

Avant que le magicien ai put avoir une chance de lui répondre, la jeune femme, Elò Agwo apparemment, avait enchaîné.

« -Cette boutique n’était pas là il y a plusieurs jours, je connais la jungle d’Umbor comme ma poche, la question est donc de savoir comment arrivez vous à la transporter si rapidement ? Hyper-condensateur atomique, régulateur dimensionnel à six voies ? ..Je..Je pose trop de questions excusez-moi »

Sorcelamm nota silencieusement que Elò semblait venir d'un monde à la technologie plus qu'avancé. Il ne savait pas lequel pour le moment et ne se souvenait pas d'un monde doté en plus de parents des Lamias mais il ne doutait pas que, une fois son nom dévoilé, cela lui reviendrait à l'esprit.
Le librairie sourit chaleureusement en agitant la main pour signifier que cela n'avait pas d'importance.

"Il est bien normal de vous posez ces questions. Je peux vous expliquer cela bien assis dans un fauteuil ou nous pouvons rester debout, comme il vous plaira. Pour ce qui est de la porte...je crains qu'il ne vous faille attendre la fin de mes explications. Cela vous convient-il?"

L'homme resta sans bouger une demi-seconde avant de sursauté comme s'il se souvenait de quelque chose

"Oh! Je manque à la règle: désirez-vous une collation? A manger? A boire? les deux?" puis il ajouta avec un sourire malicieux "voyez, moi aussi je pose beaucoup de question"

("Il est bien normal de vous posez ces questions. Je peux vous expliquer cela bien assis dans un fauteuil ou nous pouvons rester debout, comme il vous plaira. Pour ce qui est de la porte...je crains qu'il ne vous faille attendre la fin de mes explications. Cela vous convient-il?")

Elo était tiraillée entre deux sentiments. Le premier, l’instinct, lui dictait de rester loin de cet homme à l’étrange allure et qui tendait ses muscles au maximum. Le deuxième, la curiosité, lui dictait de s’assoir pour écouter ses explications. La porte ne se rouvrirait pas avant un bon moment et il était plus agréable d’attendre dans le confort. Pourtant la jeune ophidienne ne pouvait s’enlevé de la tête l’idée d’un piège. La faim et la fatigue revenaient de plus belle au galop, le moment de surprise de la jeune femme ayant disparut.

("Oh! Je manque à la règle: désirez-vous une collation? A manger? A boire? les deux?" puis il ajouta avec un sourire malicieux "voyez, moi aussi je pose beaucoup de question")

La jeune femme émit un faible sourire en entendant la fin de la phrase. Son long corps endolorit par ses épreuves récente réclamait du repos. Celle-ci ignora sa complainte et répondit à Sorcelamm.

« - Je me dois de refuser poliment  vos propositions vu les circonstances présentes. De plus rester ici pour discuter ne me dérange absolument pas. »

A ses paroles sont ventre gargouilla bruyamment, furieux de cette réponse. Il réclamait à manger et  sa propriétaire ne voulant pas le satisfaire il compta sur le bon sens de son hôte. Elo à présent rouge de honte grondait sèchement son estomac intérieurement. Ne sachant plus où se mettre.

Dans la culture ophidienne il était très mal vu de montrer sa faim en public. La faim étant considérée comme un signe de faiblesse et  de pauvreté. Atteignant rapidement son point de malaise social la jeune femme décida , littéralement, de disparaitre. Sorcelamm vit son invité disparaitre sous ses yeux, plutôt sous son œil.
Invisible Elò bafouilla quelques mots.

« - Je..Je vous prie de m’excusez. Je suis affreusement gênée, vous avez été si courtois avec moi. »

Mais l’invisibilité d’Elò ne cachait pas les bruits qu’elle faisait et son estomac repris son affreux concert de plus belle, le camouflage lui pompant d’importantes réserves d’énergie, bientôt vides.

Refus pour la forme. Sorcelamm sourit. Il était toujours particulièrement amusant de voir les petits détails sociaux de chaque individu qui passait la porte de sa Librairie. On voyait de tout, ceux qui s'offusquait si on le leur proposait pas à manger, ceux qui devaient le proposer en premier même s'ils n'avaient pas la moindre miette sur eux, et, comme pour ici, ceux qui avait une faim dévorante sans pouvoir l'avouer. Le magicien allait répondre une phrase comme quoi elle n'était pas obligé de suivre les règles ici quand la jeune lamia (il n'avait toujours pas de nom plus précis pour sa race) disparu sous ses yeux. Enfin, pas tout à fait. Elle disparut effectivement, mais Sorcelamm pouvait toujours la voir puisque la magie de la Librairie annulait toutes celles des invités.

« - Je..Je vous prie de m’excusez. Je suis affreusement gênée, vous avez été si courtois avec moi. »

"Que...redevenez donc visible, votre magie ne fonctionne pas ici et vous avez l'air ridicule à gronde de faim comme ça."

Sans attendre la moindre réponse de sa part, Sorcelamm claqua des doigts et la jeune femme se retrouva assise dans un fauteuil moelleux en face d'une table couvertes de petits gâteaux, de légumes et d'un lourd plateau couvert de viande encore fumante.Ne sachant pas les habitudes alimentaires de la femme, il avait sortit un peu de tout. Il doutait tout de même qu'elle soit végétarienne au vu de son corps reptilien mais on ne savait jamais.

"Bon, maintenant que nous sommes tout deux installés comme il faut, il est l'heure de passer aux questions/réponses qui sont nombreuses j'imagine. Je vais vous couper l'herbe sous le pieds en brossant un tableau simple de votre situation. Vous n'êtes plus dans votre monde. Passer la porte de cette librairie vous a fait arriver directement en δέnδrοnέςος. Un monde fort sympathique mais duquel vous ne pouvez hélas pas repartir car le voyage ne fonctionne que dans un seul sens. Avez vous des questions? Pertinentes s'il vous plait."

Sorcelamm se tut, après cette logorrhée nécessaire et s'adossa dans son fauteuil, caressant du bout des doigts le tissus vert qui le recouvrait. Il savait qu'il était un peu brusque mais il n'avait pas vraiment de temps à perdre, tout immortel qu'il était. Attendant la réponse de la femme, il claqua de nouveau des doigts et un manteau rouge vint le recouvrir. C'était un beau manteau, qui rappelait quelque peu celui de jimmy hendrix, mais un jimmy hendrix qui aurait eu une passion prononcé pour les borderies, les perles et les fioritures en dentelles.
Le magicien croisa les jambes et se saisit rapidement d'un macaron de taille imposante, qu'il grignota pour patienter.

Du travail d'amateur? Sorcelamm manqua de s'étouffer avec la tasse de thé qui était soudainement apparue dans sa main. Du travail d'amateur? Savait-elle seulement que c'était à la seule force de sa pensée qu'il avait crée tout  ce monde? Un instant, peut-être un demi-seconde il fut tenté de la mettre immédiatement à la porte, de l'envoyer dans les pattes de Lith avec un grand coup pied aux fesses. L’orgueil était un péché dont le magicien n'était pas exempt, bien au contraire, surtout lorsqu'il s'agissait d'une de ses créations.

L'homme  croisa les jambes et laissa tomber sa tasse au sol, qui devint un papillon violet juste avant de toucher le sol. Celui-ci s'envola derrière un pile de livres et ne reparut plus. Travail d'amateur...Grmpf.  Sorcelamm ne lui répondit pas de suite et préféra tourner sa tête vers l'âtre qui brûlait non loin. Il sembla y voir quelque chose car au bout de quelques secondes il détourna vivement la tête et reposa son attention sur la jeune...créature.

"Amateur? Vous plaisantez j'espère! Tout le monde que vous allez voir est MA création. De mon seule esprit. Et si le passage est à sens unique c'est que je n'ai guère envie qu'on prenne mon havre pour un hôtel où l'on peut aller et venir quand bon nous semble!"

Sa voix avait monté en intonation au faire et à mesure de sa phrase si bien qu'il criait presque au moment de la terminer. S’apercevant de ses mains, serrées sur les accoudoirs de son fauteuil, il les relâcha et tenta de se calmer en expirant lentement. Il ne tenait pas non plus a faire fuir la première personne à passer dans son monde, et Lith ne manquerait pas de le lui faire remarquer si c'était le cas.

"Désolé. je n'aime pas que des incompétents critiquent mon œuvre sans rien en avoir vu."

Toujours pas  terrible.

"Enfin. Je vais tacher de répondre à tes questions. Que va-t-il t'arriver? Tu vas rester ici. Ce monde comporte plusieurs îles très différentes, tu tâchera d'en trouver une à ta convenance et de te débrouiller. S'il y a des problèmes...et bien tu reviendra ici pour qu'on t'aide, si besoin réel. Pour la seconde..."

Sorcelamm dévoila un grand sourire, entre l'amical et le cruel avant d'articuler silencieusement le mont "Magie". Bien que n'ayant pas prononcé de vive-voix le mot, il sembla résonner partout dans la pièce pendant quelques secondes avant de disparaitre.

"Et enfin, non. Pour le moment personne n'habite en ces lieux à part moi, Lith et désormais, toi. Il y a bien sur de nombreuses créatures mais guère assez évoluée pour être à notre égal. Pour ce qui est de mes activités, elles ne concernent que moi."

Le ton de sa dernière phrase laissait sous-entendre que le sujet n'était pas ouvert aux débats de quelque sorte que ce soit.

"Fini?"

Elo sentit que sa remarque avait frustré l’hôte de ces lieux. Elle voulut s’excuser de sa pensée trop franche mais se ravisa lorsque ce dernier se prononça sur sa création.

"Amateur? Vous plaisantez j'espère! Tout le monde que vous allez voir est MA création. De mon seule esprit. Et si le passage est à sens unique c'est que je n'ai guère envie qu'on prenne mon havre pour un hôtel où l'on peut aller et venir quand bon nous semble!"

La jeune Ophidienne ne pouvait pas résister au magnifique spécimen d’analyse  qui lui était présenté sur un plateau d’argent. Elle aimait beaucoup étudier la psychologie comportementale.  Ce « magicien » semblait affublé d’un complexe de supériorité et d’une antipathie très prononcée. Lui qui était calme, avenant au début de la conversation se révéla être au bord de la crise arriver à la fin du dialogue.
Elò sourit intérieurement en brossant le tableau psychique du libraire. Elle voulut le taquiner un peux plus mais ce dernier avait repris ses esprits et se calma.
Pourtant la phrase « "Désolé. je n'aime pas que des incompétents critiquent mon œuvre sans rien en avoir vu. »  avait fais tilt dans son esprit.
-Incompétents ? Apparemment vous vous prenez pour le maître du monde, soit si cela peut satisfaire votre égo, mais ne venez pas me traiter d’incompétente. Quand l’on n’est pas fichu de faire un portail dimensionnel à double sens, chose somme toute fois basique dans les mathématiques photoniques, on ne prend pas les autres de haut. De plus pourquoi avoir incrusté une porte dans ma planète si vous ne vouliez pas de touristes comme vous dites? Les enfermés pour votre zoo, en manque de compagnie ? Intéressant cela prouve que ma théorie sur votre personnalité est plus que fondée. Vous annihilez nos capacités physiques par quelques perturbateurs moléculaires pour vous jouez par la suite des pauvres malheureux qui atterrissent ici, perdus et désorientés. Imposants votre « savoir » aux autres. Vous avez beau avoir des airs charmants aux premier abords quand l’on regarde un peu plus dans le détail vous n’êtes qu’une créature froide, sadique et surtout très seule.
- Vous chérissez la connaissance d’après le nombre incalculables de livres présents mais quand on se cache derrière le mot « magie » on se laisse aller a une facilité d’esprit. Il n’y a rien de magique là dedans. Vous n’avez rien créé, vous avez juste agencé des atomes préexistants naturellement. Vous n’avez rien d’un scientifique ou d’un sage. Les créatures de sciences recherchent la vérité , ne se complaisant pas dans le mensonge. Sur ces bonnes paroles.

Elle se leva du siège, posa la tasse et se dirigea vers la porte.

-Merci pour le repas, je connais la sortie pas besoin de me raccompagner.

Elle ouvra la porte désormais débloquée et sortit , laissant le magicien seul.